S’intéresser à l’interdisciplinarité des pratiques enseignantes revient à se poser des questions vitales pour toute équipe éducative : pourquoi travailler ensemble, en tant que formateurs d’enseignants, et en tant qu’enseignants dans les écoles ? Au nom de quels enjeux et en vue de quels objectifs ? Autour de quels projets concrets ? Certes, dans l’état actuel des choses, l’interdisciplinarité demeure davantage un idéal, présent dans les écoles à travers quelques expériences pilotes, qu’une expérience déjà fortement ancrée dans les pratiques. Un idéal, un projet, voire une utopie, diront certains. Mais n’est-ce pas justement l’une des spécificités des recherches sur l’école que de confronter l’existant au désirable ? Un auteur comme Edgard Morin n’a cessé de souligner combien, loin d’être un luxe de la pensée, l’interdisciplinarité constituait une condition de pertinence de toute démarche se voulant en prise sur l’évolution des connaissances et de la société. Pour interroger les conditions de possibilité et de fécondité de cette approche, il convenait de donner la parole à des chercheurs, des enseignants et des formateurs qui y ont consacré des expériences. La première intervention qu’on découvrira ici est celle de Sabine Daro, qui a mis en place depuis plusieurs années nombre de projets interdisciplinaires destinés aux professeurs de l’enseignement fondamental. Myriam De Kesel présente ensuite, au nom de l’équipe enseignante qu’elle coordonne, le dispositif de formation initiale qui est mis en place depuis une dizaine d’années à l’UCL en vue de former les futurs enseignants à l’interdisciplinarité. La parole est ensuite donnée à Barbara Dufour et Alain Maingain, qui reviennent sur les fondements et sur les modalités de démarches interdisciplinaires qu’ils ont longuement mises au point puis en œuvre dans le cadre d’expériences pilotes. Myriam De Kesel et Jim Plumat présentent ensuite, sous le titre « La guerre des mots», un exemple d’atelier interdisciplinaire centré sur le dialogue entre les didactiques des sciences. Enfin, ce sont les différents visages scolaires de l’histoire qui figurent au centre de la contribution d’Elodie Vaeremans, Marie-Emilie Ricker et Jean-Louis Dufays : l’Histoire en tant que discipline à part entière, mais aussi l’histoire de l’art et l’histoire de la littérature, trois regards qui servent ici à éclairer deux thématiques toujours actuelles, celle des migrations et celle des conditions sociales au xixe siècle.