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Les transformations du système radiophonique haïtien de 1957 à 2020
註釋Cette étude analyse les changements et les continuités dans le système radiophonique haïtien au cours des 60 dernières années sous l'influence de trois séries de facteurs : linguistique, démocratique et technologique. Elle détermine dans quelle mesure les relations entre les acteurs du système ont changé et dans quelle mesure ce dernier est reconfiguré ou non sous l'influence des changements observés. Cette démonstration résulte d'une analyse qualitative des données d'observation, d'entretien et secondaires. Notre cadre théorique est fondé sur des approches diverses, mais complémentaires. Il s'agit notamment de la théorie des systèmes appliquée aux médias, du transnationalisme, de l'espace public et de la métaphore de contrat de communication publique. Cette étude révèle des changements significatifs dans les relations entre les acteurs du système radiophonique haïtien au cours des soixante dernières années sans pour autant aboutir à une reconfiguration du système. Ce dernier est imprégné d'une certaine forme d'immobilisme ou d'une forte inertie qui le maintient comme tel. Il y a des ajustements qui sont opérés dans le système, mais les dynamiques de fond qui le structurent et le définissent restent stables. Du point de vue linguistique, l'introduction du créole à la radio comme langue de communication publique à partir des années 70 a notamment permis de mettre fin à la domination du français comme langue exclusive de communication à la radio. Ceci a eu pour effet immédiat de donner un accès direct à la grande majorité de la population créolophone à l'espace radiophonique. Si le français était considéré comme une langue de domination, la langue créole est plutôt vue comme étant celle de la libération. Du point de vue démocratique, si le créole a joué un rôle dans la chute du régime duvaliériste, nous en déduisons que la libération de la parole a débuté, dans une certaine mesure, avant la chute du régime. Mais évidemment, le passage à la démocratie créait un contexte de liberté dans lequel la parole contestataire n'était plus réprimée. Depuis la chute de la dictature le 7 février 1986, nous avons assisté à une multiplication du nombre de radios et la création d'une multitude d'organisations populaires et de partis politiques qui favorisent des changements dans la dynamique du débat public. Du point de vue technologique, l'utilisation des outils numériques par les acteurs constitue un facteur capital de transformation du système radiophonique haïtien. Certains changements opérés dans le système sont des effets directs de l'usage des outils numériques, en ce qui concerne particulièrement la place et le rôle traditionnel des acteurs dans le système. Les relations entre les journalistes et l'auditoire, la nature et la dynamique des débats radiophoniques, les pratiques de collecte, de traitement et de diffusion des informations changent. Les relations entre les journalistes et les relationnistes deviennent moins formelles. Les changements liés au numérique s'inscrivent dans le prolongement de ceux apportés par le créole et la transition démocratique. Les technologies numériques accélèrent un processus de transformation qui était déjà en cours et permet de franchir certaines limites techniques liées notamment à la participation du public dans les débats. Cependant, les différents dispositifs techniques mis en place à partir des années 2000 par les propriétaires des radios ne changent pas grand-chose dans la nature et les modalités de participation des personnalités publiques ou des élites aux émissions radiophoniques de débats. Cette étude montre aussi une forte politisation du système radiophonique haïtien. De 1957 à 1986, les radios étaient sous le joug de la dictature des Duvalier par des mécanismes de contrôle très stricts. Cette politisation de la radio n'a pas changé avec la montée du créole ni avec la chute de la dictature encore moins avec le développement des outils numériques. La radio a été et demeure un outil très puissant aux mains des forces politiques et économiques.