En janvier 2021, le Conseil National des Politiques de Lutte contre la Pauvreté et l’Exclusion (CNLE) a été missionné par le Premier ministre Jean Castex pour contribuer à l’amélioration de la connaissance qualitative de la pauvreté en France, dans un contexte où la brutalité des évolutions pressenties puis constatées avait occasionné une double prise de conscience : celle de la nécessité d’un raccourcissement de la production d’informations et celle de complémentarité des approches quantitatives par des approches plus qualitatives, recueillies au plus près du terrain et le plus possible en amont des processus de fragilisation sociale.
Après avoir publié un premier rapport sur les effets sociaux de la crise sanitaire au printemps 2021, le CNLE a mis en œuvre un instrument barométrique de suivi destiné à couvrir ainsi un halo de la précarité, allant au-delà du seuil officiel de pauvreté monétaire, et permettant d’appréhender, notamment, des situations interstitielles, des populations « hors champ » des radars de des instruments de mesures habituels. Il s’agit de saisir les phénomènes émergents, en anticipation des difficultés, par le développement d’une observation sociale avec une focale large, à la fois multidimensionnelle, décentralisée et réactive.
Pour cela, le CNLE s’est appuyé sur le maillage très dense de structures sociales qui aident et accompagnent les populations vulnérables en France. Ce tissu social de proximité fait d’associations et de services publics, en contact direct avec les catégories les plus fragiles de notre société, est un maillon fondamental de la solidarité dans notre pays. Ce rôle des acteurs de première ligne en matière sociale leur confère également une grande pertinence dans l’appréhension et l’analyse des dimensions plus impalpables – mais aussi peut-être les plus fondamentales de la vie sociale : difficultés vécues ; postes sous tension budgétaire ; rapports aux institutions ; inquiétudes et colères.
Telle est l’ambition du baromètre qualitatif du CNLE dont est aujourd’hui publiée la note de synthèse de l’étude de faisabilité, prélude à la pérennisation du dispositif.
