Pour Raymond, à l'école, ça ne va pas très fort. Non seulement il n'arrive pas à résoudre les problèmes de maths, mais en plus, le temps qu'il efface le tableau noir pour recommencer, il a déjà oublié la question que lui posait Frousteil, l'instituteur. Frousteil n'est pas un homme patient, et souvent, à la fin de la journée, les oreilles de Raymond sont rouges et brûlantes. A la maison, ça ne va pas très fort non plus. C'est même pire. Le père de Raymond, qui est boucher, met parfois la même énergie à rosser son fils qu'à séparer des quartiers de bœuf. Le seul moment où Raymond se sent bien, c'est le jeudi matin, quand il fait la tournée avec le boulanger dans sa Deux-Chevaux fourgonnette. Le boulanger force un peu sur la bouteille, mais au moins, avec lui, on s'amuse. Un jour, Frousteil convoque les parents de Raymond. La vérité c'est qu'il a peur. Il est allé trop loin, quelques jours auparavant, et Raymond s'est évanoui en classe. Cet élève-là, il n'en veut plus. C'est là qu'on découvre qu'on peut soudoyer un instituteur avec un cochon, qu'il y a des parents qui aiment tellement leur fils qu'ils aimeraient le voir vivre ailleurs, et que le destin peut très bien vous faire miroiter une issue de secours pour mieux vous achever ensuite.
"La trilogie" de Serge Perez: "Les oreilles en pointe", "J'aime pas mourir" et "Comme des adieux"