Pourquoi la tentative de démocratisation ouverte en Algérie après les émeutes d'octobre 1988 a-t-elle débouché sur une crise sociale et économique sans précédent et sur une situation politique proche de la guerre civile ? Comment interpréter l'audience croissante de l'islam radical et son basculement dans la violence ? Pour répondre à ces questions, Lahouari Addi propose dans ce livre une analyse en profondeur qui bouscule bien les idées reçues et permet de mieux comprendre l'extraordinaire complexité de la situation algérienne. Il montre ainsi qu'à la différence de la plupart des pays qui ont eu à vivre la sortie d'un régime autoritaire - en Europe du Sud et de l'Est ou en Amérique latine -, la transition démocratique en Algérie s'est heurtée à une accumulation d'obstacles particulièrement redoutable. Il s'agit en effet à la fois d'un pays musulman où la religion conteste encore à l'État la prérogative d'édicter des règles de droit ; d'un pays du tiers monde ayant subi l'une des colonisations les plus longues et les plus agressives ; et enfin d'un pays à économie " socialiste " où les bases mêmes de l'accumulation de richesse ont été sapées par la centralisation étatique et la corruption. L'originalité de cette approche est qu'elle combine, en s'appuyant sur une solide armature théorique et sur une excellente connaissance du terrain, deux niveaux d'analyse :celui de la logique du système de pouvoir, qui a cherché à instrumentaliser l'ouverture démocratique pour se relégitimer ; et celui des mutations profondes qui ont bouleversé la société algérienne, tant au niveau social qu'à celui des représentations symboliques.