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La corruption
註釋La corruption n'est pas seulement porteuse de discriminations et d'inégalités, pais aussi créatrice de monopoles qui suppriment ou affaiblissent à terme la liberté d'entreprendre. C'est dire que la tolérance des libéraux à son égard tient sans doute d'avantage à leur défiance envers l'Etat qu'à leur confiance dans les mécanismes d'autorégulation du marché. D'autant que la corruption emmêle aux droits civils et politiques les droits économiques, culturels et sociaux, quand elle amène l'Etat ou la Région à passer commande de travaux coûteux, et/ou sans utilité, ou encore à privilégier des entreprises peu performantes. En outre, la corruption a ceci de commun avec la torture qu'elle s'appuie sur le ressort même des droits de l'homme : la faculté, propre aux structures neuronales humaines, de se représenter l'autre. Mais elle utilise cette faculté, qui fonde la notion de réciprocité, comme instrument de falsification de l'échange avec les autres : de même que la torture utilise l'altérité comme instrument d'humiliation de l'autre. En ce sens, la corruption, comme la torture, frappe les droits de l'homme en plein cœur. La nouveauté, et la force du travail collectif, lancé par Marco Borghi et Patrice Meyer-Bisch et publié ici, est de ne pas avoir tenté de gommer ou de réduire ces contradictions. Insistant, au contraire, pour montrer, avant même l'analyse des situations et la présentation des formes et mécanismes, l'entrecroisement d'études venues du droit, de la sociologie, de l'histoire des idées économiques, de l'économie politiquer et de la philosophie en véritables logiques interdisciplinaires. Cette interdisciplinarité face aux " réseaux de corruption " qui se structurent de façon clandestine, en marge du marché et selon des logiques non hiérarchiques, se dessine ainsi le jeu, tout aussi complexe, des réseaux de lutte anticorruption, répressifs et préventifs, étatiques et sociétaux, nationaux et supranationaux.