Si l'on sait que, de 1848 à 1851, la « journée insurrectionnelle » est autant valorisée que stigmatisée, les participants aux barricades parisiennes sont encore mal connus. L'approche socio-biographique éclaire ce que participer veut dire et représente aux yeux des protagonistes des journées révolutionnaires. La révolution de 1848 est un moment d'entrée en politique de milieux sociaux relégués jusque-là à la marge de l'espace public. La répression des journées de juin définit le processus inverse de leur sortie de la participation citoyenne. Aussi, cette étude souligne ce que fut l'apprentissage de l'illégitimité de la culture des armes du « citoyen-combattant ». Cette perte de légitimité, à l'origine de la condamnation de toute forme de lutte armée dans l'espace public républicain, s'inscrit dans un temps long du désarmement de la société civile en France. Elle en est une des étapes capitales. Ce livre apporte une nouvelle compréhension des « milieux populaires » des années charnières du XIXe siècle, à partir d'un vaste corpus de requêtes envoyées par la suite aux autorités. Il suggère une nouvelle voie pour l'étude des milieux sociaux peu habitués à écrire sur eux-mêmes.