On sait – le plus souvent par ouï-dire – qu'avant de signer ses œuvres
de son véritable patronyme, Simenon a effectué son apprentissage en
écrivant, sous plusieurs pseudonymes, de nombreux romans destinés aux
collections populaires des années vingt et trente. Là se limite, pour la
plupart des lecteurs, la connaissance de cette vaste production rejetée
aux oubliettes en dépit de quelques rares rééditions. C'est pourtant au
sein de ce terreau paralittéraire fécond qu'a germé une des sommes
littéraires les plus importantes et imposantes du siècle. Il paraît dès
lors inopportun de considérer comme mesures pour rien ces textes où
Simenon a fait patiemment ses gammes en attendant que puisse s'épanouir
et resplendir la symphonie. Voici analysé pour la première fois
l'ensemble de ces 190 romans de jeunesse qui méritent plus qu'un silence
dédaigneux malgré leurs stéréotypes. La face cachée de l'œuvre
romanesque de Simenon se montre enfin au grand jour.