Le mot « monstre » renvoie à quelque chose d’effrayant et de repoussant. Pourtant, en embryologie, il désigne des malformations congénitales dont l’aspect s’éloigne assez fort de la norme communément admise, et qui sont fort invalidantes, voire létales. L’existence de ces anomalies a enrichi la mythologie, les légendes et la démonologie en créant ainsi des dieux, des titans, des créatures démoniaques qui sont le reflet de ces malformations dans le miroir de notre inconscient. Cependant, la biologie du développement a permis progressivement de mieux comprendre la genèse de ces dysmorphoses. La science permet ainsi une conversion du regard en mesure de forger une autre vision de ce qui n’est en fait qu’une déviation accidentelle de notre nature biologique, et de nous inciter à plus de tolérance et de compréhension à l’égard des sujets qui en sont atteints, et qui ne sont pas moins humains que nous.
Stéphane Louryan, membre de l’Académie royale de Médecine de Belgique, président de la Société royale belge d’Anthropologie et de Préhistoire, rédacteur en chef honoraire de la Revue Médicale de Bruxelles et rédacteur en chef de Morphologie, est professeur d’Anatomie et Embryologie à la Faculté de Médecine de l’Université libre de Bruxelles (ULB), et directeur du Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse de l’ULB. Il est le conservateur du Musée d’Anatomie et d’Embryologie Louis Deroubaix.
Nathalie Vanmuylder, présidente honoraire de la Société royale belge d’Anthropologie et de Préhistoire, est maître-assistante au sein du département biomédical de la Haute École Francisco Ferrer de la Ville de Bruxelles et assistante-chargée d’exercices à la Faculté de Médecine de l’ULB. Elle est responsable de l’inventaire et participe à la gestion scientifique du Musée d’Anatomie et d’Embryologie Louis Deroubaix.