Dans ce véritable petit pamphlet d'actualité que constitue d'emblée cette Culbute dans l'Gazon, nous assistons non pas à un monde irréel, mais, tout au contraire, à un monde parfaitement réel: celui de Jeff Keurtz, un milliardaire du monde du spectacle, un magnat du milieu pornographique, un quinquagénaire qui a déjà vécu beaucoup de choses, qui a vu beaucoup de monde, et qui, certes ne faisant pas son âge, continue de se livrer à une vie de rockstar - à travers la drogue, le sexe, les voyages, les actrices et les catins de notre temps. Et, son existence délirante pose une question assez cruciale: Peut-on voir tout ce vice et y participer et en même temps en être détaché ? Peut-on approuver un monde qui ainsi se dévoile de lui-même lors d'une vie si dissolue dont les frasques et les débordements, eu égard à la place de celui qui en est l'artisan dans la société, ne sont plus que de la provocation - coûte que coûte - et des exagérations de tout ce qui aura déjà été fait en la matière ? Quelque chose qui dépasse comme autant de témoignages d'une mégalomanie particulière que seuls les plus fins peuvent mener au coeur de ce bordel insensé que l'Occident est sans aucun doute devenu, notamment sur les réseaux sociaux de ces vingt dernière années qui ne sont çà et là que de l'exhibitionnisme. Mais, en dépit de toute cette dépravation, de cet attrait si automatique et de cette fête omniprésente, si lubrique et si enthousiaste de part et d'autre, Jeff Keurtz conserve pourtant toute sa complaisance et tout son esprit, et, sempiternellement, il dit Oui à tout ce chaos, à toute cette démonstration, à tout ce plaisir contradictoire et sans fin que demeure finalement notre monde contemporain. LUDWIG W. R. VON ZEEGER,
Marseille, mardi 14 septembre 2021.
