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La foi en l'obscur
Vincent Lavoie
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le sacré sale et le mysticisme du jeu chez Georges Bataille
出版
Université de Montréal
, 2020
URL
http://books.google.com.hk/books?id=mueFzgEACAAJ&hl=&source=gbs_api
註釋
C'est durant la première moitié du vingtième siècle, c'est en étant contemporain des deux guerres mondiales, dans une France qui se sécularise, que Georges Bataille (1897 - 1962) construit une pensée - profondément nietzschéenne - scandaleuse. Conceptuellement, le corps n'est pas seulement au centre des préoccupations de Bataille, il se pense maintenant dans sa réalité outrancière : l'érotisme, l'ivresse et la souillure. On assiste à une sacralisation des débauches de toutes sortes. Et c'est ainsi que s'opère la singularité philosophique de Bataille puisque ce qui est sacré ne loge plus, selon lui, dans un sublime céleste, dans une divinité ou, en d'autres mots, dans les hauteurs, mais bien dans son exact contraire, c'est-à-dire dans le bas, dans l'excès, dans l'érotisme et dans le sale. Devant cette inversion de l'ordre du monde, ce qui est sacré, c'est la profanation même. C'est pourquoi, à partir de Mary Douglas, j'ai pu relier deux idées qui paraissent contraires : la souillure et le sacré. Ainsi, étant donné que Bataille est aussi écrivain (Sade fut l'une de ses influences majeures), j'ai pu inclure des récits de l'auteur qui illustrent parfaitement ces deux antinomies. C'est d'ailleurs l'un des traits les plus fondamentaux de son œuvre que j'ai aussi soulevé : toute l'œuvre de Bataille est paradoxale et antinomique. C'est justement à partir de ce même constat que j'aborde la question du mysticisme chez Bataille. Mais comme avec la question du sacré, la conception du mysticisme implique une critique implicite du christianisme (opposition du ciel contre la terre, par exemple). Nécessairement, c'est l'instant et son hasard - l'absence de but - qui ouvrent la voie à l'expérience, alors que l'écriture communique son essence tout en la rendant davantage intelligible. De là provient justement, par le caractère arbitraire de l'expérience, l'idée de chance que Bataille établit en diapason avec Nietzsche. À ce sujet, Nietzsche devient très présent dans le mysticisme bataillien, pensons à la figure du surhumain qu'on peut associer à celle de l'homme souverain ou encore à la volonté de puissance qu'on peut relier à celle de la volonté de chance. Dès lors, Bataille met de l'avant une mystique du jeu, celle-ci étant une mise en jeu radicale de soi-même d'où émerge la chance que Bataille évoque et qui n'est rien d'autre que la possibilité de l'expérience même. Somme toute, force est de constater que la fragilisation mentale et physique du mysticisme bataillien cache également un sacrifice de soi au nom de la jouissance, certes, mais aussi au nom du texte.