Constituer la haine comme objet historique proprement dit invite à poser, à côté des approches philosophiques, psychologiques ou sociologiques du phénomène, les spécificités d'une approche historique, qui peut s'inscrire dans une démarche d'historien aussi bien que de musicologue ou de linguiste. Le premier point semble bien la nécessité de distinguer la haine proprement dite d'autres formes d'expression du conflit social et politique, déjà largement explorées par les historiens, telles que la violence et l'injure. La haine peut déboucher sur la violence où s'exprimer par l'injure. Mais elle n'est réductible à aucun de ces phénomènes. Il importe de réfléchir à ce que spécifier un discours d'affrontement comme "discours de la haine" apporte à la compréhension historique de la violence sociale et politique.