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Cent tableaux qui font débat
Stéphane Guégan
出版
Hazan
, 2013
主題
Art / General
ISBN
2754107045
9782754107044
URL
http://books.google.com.hk/books?id=r4XXngEACAAJ&hl=&source=gbs_api
註釋
- Les polemiques a propos de la peinture et du gout ont debute des l'Antiquite. La France du XIXe siecle, ses salons, ses journaux, ses caricaturistes, puis les histoires de l'art, en ont fait une institution qu'il convient de nuancer parfois. Les raisons a l'origine des polemiques ou des scandales sont variees: ce livre les enumere -- trop de crudite, trop d'effets de pate, trop de sexe, trop de naivete, trop d'irreverence, trop de simplification ou d'ecart vis-a-vis de la realite, etc. -- exemples a l'appui. Certaines de ces querelles nous paraissent aujourd'hui desuetes sinon sans objet. D'autres demeurent avec tout leur mystere comme si certaines oeuvres se refusaient a l'hommage ou au rejet unanime.
Cet ouvrage nous presente les unes et les autres sans oublier de pointer l'art sous l'apostrophe.
Des qu'elle s'est pretendue libre, la peinture a fait parler d'elle. L'ere des scandales ne debute pas avec Le Dejeuner sur l'herbe de Manet, comme une histoire de l'art paresseuse nous en rebat les oreilles. Ce livre commence par le rappeler, il y a toujours eu des refuses pour protester contre l'ostracisme qui les frappait. Ce que nous apprend aussi l'etude du passe, c'est que ces memes refuses ne l'ont jamais ete completement. Il faut se defaire d'une legende tenace qui fait du novateur le martyre d'une cause perdue d'avance, et donc d'une reconnaissance posthume. Force donc etait d'ouvrir l'enquete par une vingtaine d'oeuvres parmi les plus discutees de notre musee imaginaire. La plupart d'entre elles nourrissent encore une vision heroique de la creation picturale. Sans nier leur impact et l'incomprehension qu'elles susciterent, il est aujourd'hui possible de montrer comment, des la Renaissance, la provocation est devenue une strategie, et le rejet un gage d'authenticite. A mesure que l'espace public a absorbe le monde de l'art, faisant naitre l'exposition et la critique d'art telles que nous les connaissons, faire scandale a tourne au savoir-faire. Au-dela de la strategie d'ensemble, il y a les raisons du desaccord. C'est, au fond, le coeur du present ouvrage, qui ramasse en cinq perspectives ce qui de tout temps a fait debat. Sait-on que le primitivisme ne date pas d'Ingres ou de Picasso ? Que la politique croise la peinture bien avant les supposes dissidents chinois ? Que l'erotisme le plus dur n'a pas attendu Balthus et Bacon pour jouer les contrebandiers ? Que le realisme de Courbet a connu quelques avant-courriers notoires ? Les codes sont faits pour etre transgresses, dira-t-on. Il etait bon de reconstituer ces filiations oubliees qui lient le bel aujourd'hui aux premiers frondeurs de notre histoire. A cet egard, le lecteur attentif verra se lever, au fil des pages, des connections inattendues entre des artistes que l'usage est de separer et meme d'opposer. C'est qu'il est une autre histoire de l'art que celle des manuels avec leurs sequences obligees, leur periodisation lineaire, leurs clivages nationaux, leurs genealogies stylistiques perimees. Ici la peinture se constitue en memoire de sa pratique et de ses audaces, elle engendre un espace propre et jette ses ramifications bien au-dela de son moment d'apparition. Du reste, comment expliquerait-on ces cas qui continuent a diviser les experts ? On ne cesse de gloser les mysteres de Piero della Francesca, Holbein, Girodet, Van Gogh ou Anselm Kiefer. Parallelement chaque epoque se saisit des images a la lumiere de ses preoccupations et obsessions. Les images sont faites pour ca, dira-t-on. La lecture sexuee de la peinture est a la mode, l'alterite et le communautaire aussi. Faut-il reduire Artemisia Gentileschi et Paula Becker a la grille des feministes ? Basquiat a ses origines haitiennes ? Armeniennes dans le cas de Gorky ? Peut-on enfin exclure de notre histoire de la modernite tous ceux qui rompirent avec ses dogmes et retrouverent cette part de liberte dont ce livre se veut, avant tout, une chronique possible ?