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Saint Boniface et la naissance de l'Europe
註釋Moine bénédictin originaire d'Angleterre, Winfrid choisit - à quarante ans - l'aventure missionnaire. Il va à Rome solliciter l'approbation papale, reçoit - de Grégoire II - le nom de Boniface, et devient son envoyé personnel en Germanie. Il gagne la Thuringe et la Franconie, convertit des milliers de Païens, poursuit sa mission en Frise. Rappelé à Rome, sacré évêque et nommé légat par le pape, il rejoint Trèves, où règne Charles Martel, qui l'accrédite auprès des ducs et comtes de Germanie. En liaison avec ceux-ci, il fonde des monastères. Un nouveau pape, Grégoire III, fait Boniface archevêque : il peut créer des évêchés, soumettre prêtres ou prélats indignes, développer une stratégie politique à long terme, qu'appuieront les fils de Charles Martel. Après avoir fondé le grand monastère de Fulda, source de rayonnement spirituel et intellectuel vers les contrées qui formeront l'Europe, Boniface devient archevêque de Mayence, donne à Pépin le Bref, élu roi à Soissons, l'onction sacrée : le trône de la future Europe se trouve désormais en pays franc. Le grand dessein politique s'affirme : un autre pape, Étienne II, rencontre en Lorraine Pépin le Bref, et s'assure de son appui. Boniface, âgé de plus de quatre-vingts ans, peut entreprendre une nouvelle mission en Frise. Dans son bagage : un évangéliaire, un linceul. Aucune arme. Le jour de Pentecôte 754, il périt, martyr, en Frise, aux côtés de ses compagnons. "Si le romancier se propose de faire revivre les gens d'autrefois, il doit entrer d'abord dans leur peau, s'acharner ensuite à partager leurs passions, à frémir, à trébucher comme ils le firent, à regarder par leurs yeux la vie, et s'y mouvoir avec leurs gestes, leurs hésitations, leurs élans... Willy-Paul Romain l'a bien compris. Il a pris pour héros Boniface. C'est un acteur considérable puisque, convertissant la Germanie au christianisme et resserrant les liens entre la papauté et la puissance franque, il compte parmi les pères fondateurs de l'Europe." Extrait de la préface de Georges Duby de l'Académie française.