Carl que j’avais pris en passant comme on fume
une pipe d’opium un soir de détresse, à Hambourg […] Un petit officier
boche ! c’était comique hein ? Je l’appelais en
riant : « l’ersatz ». Pauvre imbécile que j’étais tout de même,
d’avoir goûté à cet ersatz-là ! Et puis après, on en crève... On en crève
ma parole.
L'Ersatz d'amour et Le Naufragé se situent
dans le contexte élargi de la première guerre mondiale : l'action commence
pendant l'été 1913 et se termine à la Noël 1919. La révolution allemande
de 1918-1919 et la relance du mouvement homosexuel constituent l'arrière plan
du second volume.
Willy et
Ménalkas croisent "les races", comme on disait à l'époque. Sur fond
de guerre, un jeune allemand s'éprend d'un peintre français, à moins que ce
soit le contraire...
L'ensemble
romanesque est construit sur le modèle du « roman d'éducation », mais
il a la particularité de croiser « roman d'apprentissage » ou Bildungsromane, et « roman de
développement personnel » ou Entwicklungsroman.
Tandis que le jeune noble passe de la toute puissance de la jeunesse à
la maturité, le peintre français accepte petit à petit la dimension
homosexuelle de son amour. En dépit de tous les préjugés de son milieu, il
aime à en mourir celui qu'il avait accepté au départ, faute de femme...
Sous le
pseudonyme de Ménalkas, une femme, qui se fait passer pour un homme, parle de
l'amour qui unit les hommes. À la même époque, sous son véritable nom : Suzanne
de Callias, elle écrit aussi Mon amie
Reinette et Lucienne et Reinette
qui analysent la tentation d'amour entre femmes.
Permettre de comparer la perception, à une
époque précise : l'entre-deux-guerres, de ces deux formes d'amour, c’est
l'objectif que nous nous sommes fixé, en prévoyant une autre publication. (à
suivre), donc…
Mirande Lucien
Patrick Cardon