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Philosophie des milieux techniques
註釋Il est beaucoup question dans ce livre de techniques, de technologie, de machines, d'outils, d'objets conçus et fabriqués, d'artifices, d'automates. Autant d'optiques qui se recouvrent en partie mais laissent, à travers cette pluralité revendiquée, entrevoir un point commun : un objet technique n'a pas de sens par lui-même mais par le fait qu'autour de lui se met en place un milieu de travail, de valeurs, d'images et de raisons. Chaque objet est ainsi porteur de cette qualité expressive dont la synthèse désigne "la technicité", sous ses formes multiples : du compagnonnage aux systèmes informatiques en passant par la manufacture, l'usine - sans oublier le musée et l'école car l'art et l'information sont également concernés par cette organisation -, ce sont des milieux qui tissent le cadre historique, social, politique et symbolique de notre existence. La philosophie, associée à l'histoire, à la science, aux mécanismes de conception, de classification, de constitution du monde sensible, nous propose quelques chances d'expérimenter, à travers ces milieux, certaines de ses propres questions fondamentales qui sont aussi celles que la technique est amenée à prendre en compte : l'être et l'existence; l'un et le multiple; le même et l'autre; l'esprit et le corps ; le naturel et le culturel; le normal et le pathologique; la vie et la mort. Les perspectives sont considérées dans l'esprit des grands "technologues" croisés avec les orientations de certaine épistémologie qui, depuis A. Comte en passant par Bachelard, Canguilhem, Foucault, F. Dagognet, doit permettre de tendre un "filet" de concepts et d'images capable de prendre au piège ce qui constitue peut-être "le milieu des milieux", l'interrogation dernière : la technique en ses milieux, heideggérienne ou non, renvoie à la question ultime et présocratique de la MATIÈRE et de nos impuissances à l'exprimer vraiment si ce n'est selon un art, une poétique de dimension quasi surhumaine.